Édition 2025
La rencontre
Dans le cadre de sa 43e édition, le Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul invite les artistes en art visuel de tous les horizons et de toutes les disciplines à se pencher sur un sujet qui, en plus de représenter un thème porteur et riche en possibilités, est au cœur même de son identité : la rencontre.
En effet, par définition, un symposium consiste en « une réunion de spécialistes consacrée à un thème particulier ». En se donnant pour objet d’étude « la rencontre », l’événement tourne ainsi son attention vers les autres (les artistes, le public) autant que vers lui-même, dans l’espoir que ce rendez-vous contribue à cultiver et à enrichir sa nature relationnelle, son essence.
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Point de jonction de trajectoires jusque-là étrangères, la rencontre est une intersection : de manière fortuite ou planifiée, des personnes, des choses ou des idées convergent vers un même point, s’y trouvent momentanément à proximité, en présence l’une de l’autre. Au sein de cet espace-temps bien particulier, les entités réunies se croisent, se frôlent ou se percutent. À l’occasion, les astres s’alignent et elles s’accordent, alliant au mouvement de l’implosion celui de l’explosion pour se révéler dans toute leur complexité : au cœur de ce nœud spatio-temporel, les forces en présence sont simultanément ce qu’elles étaient, d’où elles viennent, ce qu’elles sont, où elles s’apprêtent à dévier et ce qu’elles pourraient devenir au sortir de cet échange.
De toute évidence, il s’agit donc de bien plus que d’une simple histoire de timing, de proximité ou de contact. À l’instar de Boris Cyrulnik, qui avance qu’« une vraie rencontre provoque une influence réciproque », Éric-Emmanuel Schmitt décrit cette dernière comme « quelque chose de décisif » et la compare à « une porte, une fracture, un instant qui marque le temps et crée un avant et un après ». On la reconnaîtrait donc à son empreinte complexe, aux sentiments, aux sensations ou aux idées qui perdurent et accompagnent les corps et les êtres par-delà leur séparation, bien après qu’ils aient repris leurs routes respectives.
Enfin, qu’en est-il de l’art? Après que l’on ait été happé par une œuvre, il n’est pas rare qu’on se sente temporairement habité, imprégné par sa charge émotive, son point de vue ou son pouvoir d'évocation. D'une manière inconsciente, subtile mais non moins tenace, la perception, le regard se voient façonnés, modelés au fil du temps par le cumul des expériences esthétiques éprouvées. En équilibre entre l’artiste et le public, entre la réflexion et la technique, l'émotion et le geste, l'imaginaire de l’artiste et la réalité, l’œuvre d’art n’est-elle pas, en ce sens, un espace de rencontre extraordinaire? Et si tel est bien le cas, à quel genre d’échanges, de dialogues ou de relations cet espace donne-t-il lieu?